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festoit un homme aussi distingué. Elle n’hésitoit pas sur ce qu’elle avoit à répondre ; mais elle se faisoit quelque peine de lui donner du chagrin.

Telle étoit sa disposition pendant la première partie du discours de Darcy ; mais lorsqu’il vint à en faire valoir la résolution qu’il prenoit de se mésallier en quelque sorte, en fixant son choix sur elle, Elisabeth éprouva un mouvement de véritable colère. Elle eut pourtant assez de présence d’esprit pour se préparer à répondre avec politesse. Les derniers mots de Darcy articulés d’un ton de confiance ; son attitude, son expression en terminant son discours, indiquoient assez qu’il ne craignoit pas un refus.

Au moment où il eut cessé de parler, Elisabeth sentit que la rougeur lui montoit au visage.

“ Je crois, monsieur, qu’il est d’usage en pareil cas de témoigner de la reconnoissance pour de tels sentimens, lors même que l’on ne peut point y répondre. Si je pouvois éprouver, en effet, cette reconnoissance, je vous la manifesterois ; mais je ne le puis pas. Je n’ai jamais ambitionné de faire aucune impression sur vous, et je n’ai rien à me reprocher à cet égard. Je suis fâchée de faire