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treprendre ce tour ; mais en suivant les sentiers pratiqués au bord de la rivière, ils alongèrent si bien la promenade, que Mad. G. fatiguée, demanda à revenir vers la maison pour gagner leur voiture. Quant à Mr. G., il étoit si occupé à regarder les truites dans la rivière, qu’il restoit toujours le dernier. Quelle fut la surprise d’Elisabeth en voyant Mr. Darcy qui venoit à eux, et étoit déjà tout près, sans qu’on eût pu l’apercevoir plus tôt, parce que le bois le cachoit ! Elle étoit cependant un peu mieux préparée que la première fois, et elle résolut de faire tous ses efforts pour paroître calme. Elle eut encore l’espérance qu’il alloit prendre un autre sentier ; mais point du tout, il vint à elle, et la salua avec politesse. Elle voulut essayer, pour avoir l’air à son aise, de lui parler la première de la beauté de son parc ; puis tout-à-coup, elle réfléchit qu’elle auroit l’air de regretter cette propriété qui auroit pu devenir la sienne. Elle hésita, elle rougit, et se tut.

Mad. Gardiner étoit à quelque distance derrière. Mr. Darcy demanda à Elisabeth si elle vouloit bien lui faire l’honneur de le présenter à ses parens. Elle n’étoit guères préparée à cette attention de sa part ; et elle put à peine s’empêcher de sourire de le voir demander d’être présenté à des gens contre