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mais comment ne vous aimeroit-elle pas ?…

“ Henri ne demandoit pas mieux que de parler de Fanny. Sa sœur l’écoutoit avec plaisir, ensorte que l’entretien fut long et animé. La beauté, la grace, la bonté de Fanny étoient des sujets inépuisables. Il avoit observé mille traits de délicatesse, de modestie, de candeur ; mais ce qui lui plaisoit sur-tout en elle, c’étoit la douceur de son caractère. Quel est l’homme, en effet, qui ne met pas la douceur au premier rang des attributs d’une femme ? L’affection de Fanny pour son frère montroit qu’elle étoit capable d’une vive sensibilité. La possession d’un cœur si tendre devoit être d’un prix inestimable. Son esprit étoit prompt, son jugement sûr ; ses manières et tout l’ensemble de sa personne offroient l’image d’une ame pure et prouvoient un goût délicat. Mais ce qui mettoit le sceau à tant de qualités, et ce dont Henri avoit trop de sens pour ne pas aprécier tout l’avantage, c’étoit la rectitude des principes de Fanny. Il avoit peu réfléchi sur des objets sérieux. Ses notions de morale étoient vagues, cependant il sentoit obscurément, que l’élévation d’ame, le respect du devoir, la droiture du caractère, étoient chez Fanny le résultat de ces