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Sir Thomas et lady Bartram l’accueillirent avec bonté. Le premier sur-tout, voyant qu’elle avoit grand besoin d’être encouragée, chercha de son mieux à la mettre à son aise, mais il avoit naturellement un air de gravité, qui inspirait le respect plutôt que la confiance, tandis que lady Bartram, sans se donner la moindre peine, et seulement avec un sourire bienveillant, fut d’abord pour sa nièce, la personne la moins redoutable de la famille.

Les jeunes cousins et cousines de Fanny montraient aussi l’intention de la bien recevoir. Les deux fils, âgés de seize et dix-sept ans, étoient à ses yeux des hommes faits. Il y eut quelqu’embarras dans la manière de leurs sœurs au premier moment, parce qu’elles se sentoient observées par Sir Thomas, qui leur avoit fait à cette occasion une leçon assez solemnelle. Cependant elles étoient trop accoutumées à l’indulgence ou à la flatterie de tout ce qui les entouroit pour avoir de la timidité, et celle de Fanny augmentant leur confiance, elles commencèrent à l’examiner de la tête aux pieds avec un air d’indifférence supérieure.

C’étoit une belle famille que celle de Sir Thomas. Les fils étoient grands et bien faits, les filles décidément jolies, et fort développées,