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mistriss Grant, qui les avoit perdus de vue depuis plusieurs années. Elle se faisoit un plaisir extrême de recevoir sa sœur chez elle, mais elle craignoit que l’habitude des plaisirs de Londres ne lui rendît bien insipide le séjour de la campagne. Miss Crawford de son côté, n’étoit pas sans quelqu’inquiétude à ce sujet, et elle fit promettre à son frère, qui l’accompagnoit et n’étoit pas beaucoup plus amateur qu’elle de la vie champêtre, de revenir bien vîte la chercher si elle s’ennuyoit.

On se revit de part et d’autre avec beaucoup de satisfaction. Miss Crawford fut charmée de trouver que sa sœur n’avoit ni la pédanterie d’une ménagère, ni la rusticité d’une campagnarde, et que le Dr. Grant se présententoit comme un gentilhomme.

Flora Crawford étoit remarquablement jolie. Son frère, sans avoir de beaux traits avoit une figure très-agréable. Tous deux prévenoient singulièrement en leur faveur par la grace et la vivacité de l’expression. Mistriss en fut enchantée dès le premier moment. Sa sœur sur-tout étoit pour elle un objet d’espérance et de sollicitude maternelles. Même avant son arrivée, elle s’étoit occupée de lui chercher un mari. Dans son opinion, rien n’étoit plus brillant pour miss