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voix qui se répondoient d’un étage à l’autre. William se plaignoit de ne pas retrouver un de ses effets à la place où il l’avoit laissé ; il accusoit Rebecca de ce désordre, et Rebecca rejetoit la faute sur Betty. Mad. Price avoit oublié une réparation essentielle à l’habit de William, et s’en excusoit sur le trouble occasionné par le prochain départ de Samuel. Tous parloient à-la-fois et crioent à tue-tête. Ce logement étoit si petit, et les planchers si minces, qu’on ne perdoit pas une parole de ce qui se disoit d’un bout de la maison à l’autre.

Fanny étoit restée avec son père, mais elle avoit tout le loisir de se livrer à ses réflexions, car il lisoit une gazette, et s’étoit emparé de la seule lumière qu’il y eût dans la chambre. Elle se retrouvoit dans cette maison paternelle, qu’elle avoit tant désiré de revoir, au milieu de tous ceux qu’elle aimoit sans les connoître, et elle n’éprouvoit point le bonheur qu’elle s’étoit promise de cette réunion. Sa présence ne sembloit pas y avoir apporté la joie dont elle s’étoit flattée. Il étoit bien naturel que les intérêts de William l’emportassent de beaucoup sur les siens dans le cœur de ses parens : elle en avoit été séparée depuis sa première enfance, et l’affection ne se nourrit que par les soins réciproques.