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— Miss Darcy a-t-elle beaucoup changé depuis ce printemps ? dit miss Bingley. Promet-elle d’être aussi grande que moi ?

— Je crois que oui ; elle est maintenant à peu près de la taille de miss Elizabeth, ou même plus grande.

— Comme je serais heureuse de la revoir ! Je n’ai jamais rencontré personne qui me fût plus sympathique. Elle a des manières si gracieuses, elle est si accomplie pour son âge ! Son talent de pianiste est vraiment remarquable.

— Je voudrais savoir, dit Bingley, comment font les jeunes filles pour acquérir tant de talents. Toutes savent peindre de petites tables, broder des éventails, tricoter des bourses ; je n’en connais pas une qui ne sache faire tout cela ; jamais je n’ai entendu parler d’une jeune fille sans être aussitôt informé qu’elle était « parfaitement accomplie »

— Ce n’est que trop vrai, dit Darcy. On qualifie ainsi nombre de femmes qui ne savent en effet que broder un écran ou tricoter une bourse, mais je ne puis souscrire à votre jugement général sur les femmes. Pour ma part je n’en connais pas dans mes relations plus d’une demi-douzaine qui méritent réellement cet éloge.

— Alors, observa Elizabeth, c’est que vous faites entrer beaucoup de choses dans l’idée que vous vous formez d’une femme accomplie.

— Beaucoup en effet.

— Oh ! sans doute, s’écria miss Bingley, sa fidèle alliée, pour qu’une femme soit accomplie, il faut qu’elle ait une connaissance approfondie de la musique, du chant, de la danse et des langues étrangères. Mais il faut encore qu’elle ait dans l’air, la démarche, le son de la voix, la manière de s’exprimer, un certain quelque chose faute de quoi ce qualificatif ne serait qu’à demi mérité.

— Et à tout ceci, ajouta Mr. Darcy, elle doit ajouter un avantage plus essentiel en cultivant son intelligence par de nombreuses lectures.