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Quoique Darcy ne pût consentir à recevoir Wickham à Pemberley, à cause d’Elisabeth, il s’occupa de son avancement. Lydia venait parfois les voir, lorsque son mari allait se distraire à Londres ou à Bath. Mais, chez les Bingley, tous deux firent de si fréquents et si longs séjours que Bingley finit par se lasser et alla même jusqu’à envisager la possibilité de leur suggérer qu’ils feraient bien de s’en aller.

Miss Bingley fut très mortifiée par le mariage de Darcy ; mais pour ne pas se fermer la porte de Pemberley, elle dissimula sa déception, se montra plus affectueuse que jamais pour Georgiana, presque aussi empressée près de Darcy, et liquida tout son arriéré de politesse vis-à-vis d’Elizabeth.

Georgiana vécut dès lors à Pemberley, et son intimité avec Elizabeth fut aussi complète que Darcy l’avait rêvée. Georgiana avait la plus grande admiration pour sa belle-sœur, quoique au début elle fût presque choquée de la manière enjouée et familière dont celle-ci parlait à son mari. Ce frère aîné qui lui avait toujours inspiré un respect touchant à la crainte, elle le voyait maintenant taquiné sans façon ! Elle comprit peu à peu qu’une jeune femme peut prendre avec son mari des libertés qu’un frère ne permettrait pas toujours à une sœur de dix ans plus jeune que lui.

Lady Catherine fut indignée du mariage de son neveu ; comme elle donna libre cours à sa franchise dans sa réponse à la lettre qui le lui annonçait, elle s’exprima en termes si blessants, spécialement à l’égard d’Elizabeth, que tout rapport cessa pour un temps entre Rosings et Pemberley. Mais à la longue, sous l’influence d’Elizabeth, Darcy consentit à oublier son déplaisir et à chercher un rapprochement ; après quelque résistance de la part de lady Catherine, le ressentiment de celle-ci finit par céder, et, que ce fût par affection pour son neveu ou par curiosité de voir comment sa femme se comportait, elle condescendit à venir à Pemberley, bien que ces lieux eussent été