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entendre la lettre que Lydia envoya à sa sœur à l’occasion de ses fiançailles :


« Ma chère Lizzy,

« Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Si vous aimez Mr. Darcy moitié autant que j’aime mon cher Wickham, vous serez très heureuse. C’est une grande satisfaction que de vous voir devenir si riche ! Et quand vous n’aurez rien de mieux à faire, j’espère que vous penserez à nous. Je suis sûre que mon mari apprécierait beaucoup une charge à la cour ; et vous savez que nos moyens ne nous permettent guère de vivre sans un petit appoint. N’importe quelle situation de trois ou quatre cents livres serait la bienvenue. Mais, je vous en prie, ne vous croyez pas obligée d’en parler à Mr. Darcy si cela vous ennuie.

« À vous bien affectueusement… »

Comme il se trouvait justement que cela ennuyait beaucoup Elizabeth, elle s’efforça en répondant à Lydia de mettre un terme définitif à toute sollicitation de ce genre. Mais par la suite elle ne laissa pas d’envoyer à sa jeune sœur les petites sommes qu’elle pouvait prélever sur ses dépenses personnelles. Elle avait toujours été persuadée que les modestes ressources du ménage Wickham seraient insuffisantes entre les mains de deux êtres aussi prodigues et aussi insouciants de l’avenir. À chacun de leurs changements de garnison, elle ou Jane se voyait mise à contribution pour payer leurs créanciers. Même lorsque, la paix ayant été conclue, ils purent avoir une résidence fixe, ils continuèrent leur vie désordonnée, toujours à la recherche d’une situation, et toujours dépensant plus que leur revenu. L’affection de Wickham pour sa femme se mua bientôt en indifférence. Lydia, elle, lui demeura attachée un peu plus longtemps, et, en dépit de sa jeunesse et de la liberté de ses manières, sa réputation ne donna plus sujet à la critique.