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part qu’il avait prise au mariage de Lydia. Tout fut éclairci et la moitié de la nuit se passa en conversation.

— Dieu du ciel ! s’écria Mrs. Bennet, le lendemain matin, en regardant par la fenêtre, ne voilà-t-il pas ce fâcheux Mr. Darcy qui arrive encore avec notre cher Bingley ? Quelle raison peut-il avoir pour nous fatiguer de ses visites ? Je m’imaginais qu’il venait pour chasser, pêcher, tout ce qu’il voudrait, mais non pour être toujours fourré ici. Qu’allons-nous en faire ? Lizzy, vous devriez encore l’emmener promener pour éviter que Bingley le trouve sans cesse sur son chemin.

Elizabeth garda difficilement son sérieux à une proposition si opportune.

Bingley, en entrant, la regarda d’un air expressif et lui serra la main avec une chaleur qui montrait bien qu’il savait tout ; puis, presque aussitôt :

— Mistress Bennet, dit-il, n’avez-vous pas d’autres chemins dans lesquels Lizzy pourrait recommencer à se perdre aujourd’hui ?

— Je conseillerai à Mr. Darcy, à Lizzy et à Kitty, dit Mrs. Bennet, d’aller à pied ce matin jusqu’à Oaklam Mount ; c’est une jolie promenade, et Mr. Darcy ne doit pas connaître ce point de vue.

Kitty avoua qu’elle préférait ne pas sortir. Darcy professa une grande curiosité pour la vue de Oaklam Mount, et Elizabeth donna son assentiment sans rien dire. Comme elle allait se préparer, Mrs. Bennet la suivit pour lui dire :

— Je regrette, Lizzy, de vous imposer cet ennuyeux personnage ; mais vous ferez bien cela pour Jane. Inutile, du reste, de vous fatiguer à tenir conversation tout le long du chemin ; un mot de temps à autre suffira.

Pendant cette promenade, ils décidèrent qu’il fallait, le soir même, demander le consentement de Mr. Bennet. Elizabeth se réserva la démarche auprès de sa mère. Elle ne pouvait prévoir comment celle-ci accueillerait la nouvelle, si elle manifesterait une oppo-