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trez à Sa Grâce les plus jolies allées. Je suis sûre que l’ermitage lui plaira.

Elizabeth obéit et, courant chercher son ombrelle dans sa chambre, elle redescendit se mettre à la disposition de la noble visiteuse. Comme elles traversaient le hall, lady Catherine ouvrit les portes de la salle à manger et du salon, y jeta un coup d’œil et après avoir daigné les déclarer convenables, sortit dans le jardin.

Toutes deux suivirent en silence l’allée sablée qui conduisait au petit bois. Elizabeth était décidée à ne point se mettre en frais pour une femme qui se montrait, plus encore que d’habitude, insolente et désagréable.

« Comment ai-je jamais pu trouver que son neveu lui ressemblait ? » se demandait-elle en la regardant.

À peine furent-elles entrées dans le bois que lady Catherine entama ainsi la conversation :

— Vous ne devez point être surprise, miss Bennet, de me voir ici. Votre cœur, votre conscience vous ont déjà dit la raison de ma visite.

Elizabeth la regarda avec un étonnement sincère.

— En vérité, madame, vous vous trompez ; il m’est absolument impossible de deviner ce qui nous vaut l’honneur de vous voir ici.

— Miss Bennet, répliqua Sa Grâce d’un ton irrité, vous devez savoir qu’on ne se moque pas de moi. Mais s’il vous plaît de ne pas être franche, je ne vous imiterai pas. J’ai toujours été réputée pour ma sincérité et ma franchise, et dans une circonstance aussi grave, je ne m’en départirai certainement pas. Une nouvelle inquiétante m’est parvenue il y a deux jours. On m’a dit que, non seulement votre sœur était sur le point de se marier très avantageusement, mais que vous, miss Elizabeth Bennet, vous alliez très probablement, peu après, devenir la femme de mon neveu, de mon propre neveu, Mr. Darcy. Bien qu’il s’agisse là, j’en suis sûre, d’un scandaleux mensonge, et que je ne