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cendre. Il est arrivé ! Mr. Bingley est là ! Oui, il est là. Dépêchez-vous, dépêchez-vous, Sarah ! Laissez la coiffure de miss Lizzy et venez vite aider miss Jane à passer sa robe.

— Nous descendrons dès que nous le pourrons, dit Jane ; mais Kitty doit être déjà prête car il y a une demi-heure qu’elle est montée.

— Que Kitty aille au diable !… Il s’agit bien d’elle ! Vite, votre ceinture, ma chérie.

Mais rien ne put décider Jane à descendre sans une de ses sœurs.

La préoccupation de ménager un tête-à-tête aux deux jeunes gens fut de nouveau visible chez Mrs. Bennet dans la soirée. Après le thé, son mari se retira dans la bibliothèque selon son habitude et Mary alla retrouver son piano. Deux obstacles sur cinq ayant ainsi disparu, Mrs. Bennet se mit à faire des signes à Elizabeth et à Kitty, mais sans succès ; Elizabeth ne voulait rien voir. Elle finit par attirer l’attention de Kitty qui lui demanda innocemment :

— Qu’y a-t-il, maman ? Que veulent dire tous ces froncements de sourcils ? Que faut-il que je fasse ?

— Rien du tout, mon enfant. Je ne vous ai même pas regardée.

Mrs. Bennet se tint tranquille cinq minutes ; mais elle ne pouvait se résoudre à perdre un temps aussi précieux. À la fin, elle se leva et dit soudain à Kitty :

— Venez, ma chérie ; j’ai à vous parler. Et elle l’emmena hors du salon. Jane jeta vers Elizabeth un regard de détresse où se lisait l’instante prière de ne pas se prêter à un tel complot. Quelques instants après, Mrs Bennet entre-bâilla la porte et appela :

— Lizzy, mon enfant, j’ai un mot à vous dire.

Elizabeth fut bien obligée de sortir.

— Nous ferons mieux de les laisser seuls, lui dit sa mère. Kitty et moi allons nous installer dans ma chambre.

Elizabeth n’essaya pas de discuter avec sa mère ;