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et sa présence leur était un réconfort dans leurs moments de liberté. Leur tante Philips aussi les visitait fréquemment, et toujours, comme elle le disait, dans l’unique but de les distraire et de les remonter ; mais comme elle n’arrivait jamais sans leur apporter un nouveau témoignage des désordres de Wickham, elle laissait généralement ses nièces plus découragées qu’elle ne les avait trouvées.

Tout Meryton semblait s’acharner à noircir l’homme qui, trois mois auparavant, avait été son idole. On racontait qu’il avait laissé des dettes chez tous les commerçants de la ville, et qu’il avait eu des intrigues qu’on décorait du nom de séductions dans les familles de tous ces commerçants. On le proclamait d’une voix unanime l’homme le plus dépravé de l’univers, et chacun commençait à découvrir que ses dehors vertueux ne lui avaient jamais inspiré confiance. Elizabeth, tout en n’ajoutant pas foi à la moitié de ces racontars, en retenait assez pour être de plus en plus convaincue de la perte irrémédiable de sa sœur. Jane elle-même abandonnait tout espoir à mesure que le temps s’écoulait, car, si les fugitifs étaient partis pour l’Écosse, ce qu’elle avait toujours voulu espérer, on aurait, selon toute probabilité, déjà reçu de leurs nouvelles.

Mr. Gardiner avait quitté Longbourn le dimanche : le mardi, sa femme reçut une lettre où il disait qu’il avait vu son beau-frère à son arrivée, et l’avait décidé à s’installer à Gracechurch street. Mr. Bennet revenait d’Epsom et de Clapham où il n’avait pu recueillir la moindre information ; il se disposait maintenant à demander des renseignements dans tous les hôtels de Londres, pensant que Wickham et Lydia avaient pu séjourner dans l’un d’eux avant de trouver un logement. Mr. Gardiner n’attendait pas grand’chose de ces recherches mais comme son beau-frère y tenait, il s’apprêtait à le seconder. Il ajoutait que Mr. Bennet n’était pas disposé pour l’instant à quitter Londres