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ne fera pas mal. Du reste, qu’importe ce que nous mettrons cet été, une fois que le régiment sera parti ? car il s’en va dans une quinzaine.

— Vraiment, il s’en va ? s’écria Elizabeth avec satisfaction.

— Oui, il quitte Meryton pour aller camper près de Brighton. Oh ! je voudrais tant que papa nous emmène toutes là-bas pour y passer l’été ! Ce serait délicieux, et ne coûterait pas très cher. Maman, aussi, ne demande qu’à y aller avec nous. Autrement, imaginez ce que nous allons nous ennuyer tout l’été à Longbourn !

— En effet, pensa Elizabeth, voilà bien ce qu’il nous faut. Bonté divine ! Brighton et tout un camp de militaires alors qu’un malheureux régiment de la milice et quelques soirées à Meryton ont suffi pour nous tourner la tête !

— Maintenant, j’ai une nouvelle à vous annoncer, dit Lydia, comme elles se mettaient à table. Devinez un peu ! Une nouvelle excellente, sensationnelle, et concernant quelqu’un que nous aimons toutes.

Jane et Elizabeth se regardèrent et l’une d’elles avertit le domestique qu’on n’avait plus besoin de ses services. Lydia se mit à rire.

— Je reconnais bien là votre discrétion et votre amour des convenances. Comme si le serveur se souciait de ce que nous racontons ! Il en entend bien d’autres ! Mais peu importe ; il est si laid, je suis contente qu’il soit parti, et maintenant voici ma nouvelle ; c’est au sujet de ce cher Wickham ; il n’y a plus à craindre qu’il épouse Mary King : elle est partie habiter chez son oncle à Liverpool, partie pour de bon ; Wickham est sauvé !

— Mary King aussi, ajouta Elizabeth, elle évite un mariage imprudent quant à la fortune.

— Elle est bien sotte d’être partie, si elle l’aimait.

— Mais j’espère, dit Jane, que le cœur n’était sérieusement pris ni d’un côté ni de l’autre.