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toutes les deux, et surtout de n’alléguer aucun motif pour son refus, c’est ce qu’Emma ne fut pas tentée de faire. Elle était sensible au malheur d’Henriette, et se repentait sincèrement de l’avoir causé en partie ; mais elle n’eut à ce sujet aucun écart d’imagination, aucune générosité mal placée. Elle avait induit son amie en erreur, lui avait donné des conseils qui l’avaient égarée, et elle se le reprocherait toute la vie ; mais elle pensait alors comme auparavant, sur une alliance qui, vu la disproportion existante entre les deux parties, ne pouvait qu’être très-dégradante pour M. Knightley. Enfin Emma se trouvait dans un fort beau chemin ; mais il était scabreux.

Se sentant pressée avec tant d’instance, elle parla. Que dit-elle ? Justement ce qu’elle devait dire, comme font toutes les femmes.