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riage avec un galant homme, qui l’aurait rendue heureuse dans le rang où le ciel l’avait placée ! tout serait bien pour elle, et rien de ce qui causait ses chagrins n’aurait eu lieu.

Mais comment Henriette avait-elle eu la présomption de porter ses vues si haut ? Comment pouvait-elle se figurer d’être aimée d’un pareil homme sans qu’il le lui eût assuré ? Henriette n’était plus si humble que par le passé ; elle n’avait pas tant de scrupules ; elle ne sentait presque plus son infériorité, tant morale que physique. Elle avait reconnu que M. Elton s’abaisserait en l’épousant, et elle ne semblait pas croire qu’on pût faire le même reproche à M. Knightley ! Hélas ! à qui Emma pouvait-elle s’en prendre sur un tel renversement d’idées ? À elle seule. Qui lui avait appris à penser qu’elle devait s’élever, s’il était possible, et qu’elle