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elle ; et à l’âge de dix-huit à dix-neuf ans, elle était capable d’instruire de jeunes personnes : mais on l’aimait trop pour s’en séparer. Ni le père ni la mère ne pouvaient la laisser aller, et la fille encore moins. On ajourna donc cette séparation. Il fut décidé qu’elle était trop jeune : et Jeanne resta avec eux, partageant comme une seconde fille, tous les plaisirs convenables à une société élégante, soit à la maison ou dehors. L’avenir seul pouvait la tourmenter ; car son jugement la faisait souvenir que son bonheur pourrait bientôt s’évanouir. L’affection de toute la famille, l’extrême attachement de mademoiselle Campbell, étaient d’autant plus honnorables pour les deux parties, que Jeanne avait sur la fille du colonel, une supériorité décidée, soit pour la beauté, soit pour les talens. Ce que la nature avait fait pour elle, était très-