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d’être devancé par quelqu’un à qui son père aurait dédaigné de parler, et de devenir prématurément un objet de dégoût. Un jour de ce dernier printemps, à Londres, je me trouvai dans un dîner en compagnie avec deux hommes qui sont des exemples de ce que je dis. Lord Saint-Yves (nous savons tous que son père était un curé de campagne qui n’avait rien au monde), pour se débarrasser de son fils, le jeta de bonne heure sur un vaisseau ; le petit drôle a eu du bonheur, s’est bien conduit, que sais-je ! bref, le voilà lord Saint-Yves, et moi, sir Walter Elliot, forcé de lui céder la place, et d’être au-dessous de lui. L’autre était un certain amiral Bradwin, la plus déplorable figure que vous puissiez imaginer, un visage couleur de mahogni, couperosé au dernier degré, plissé de rides, quelques mèches de cheveux gris des deux côtés, et de la poudre blanche au sommet de sa tête complètement chauve ; c’était une horreur ! Au nom du ciel ! qui est ce vieux pelé ? dis-je à un de mes amis qui était à côté de moi (sir Bazile Mortley). — Un vieux pelé ! s’écria sir Bazile ; y pensez-vous ? C’est le brave amiral Bradwin. — Brave tant qu’il vous plaira, m’é-