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n’avait pas eu même la pensée de se remarier. Une femme qui n’est plus jeune a souvent tort de reprendre les chaînes du mariage, et les reprendre avec sir Walter Elliot eût été une folie impardonnable ; lady Russel le connaissait trop bien pour en être tentée. Mais qu’un homme veuf à quarante-un ans, et chargé de trois jeunes filles, n’ait pas eu l’idée de prendre une seconde femme, c’est ce qui demande une explication, et la voici :

Après lui-même, le premier objet de ses affections était sa vivante image, qu’il aimait à retrouver dans Elisabeth, sa fille aînée ; il se souciait très-peu des deux cadettes, auxquelles il ne pensait que lorsqu’il voyait leurs noms inscrits dans le Baronnetage ; mais pour sa fille chérie, il aurait volontiers sacrifié tout, ce dont il n’était pas très-tenté. Dans les premières années de son veuvage, il avait fait deux ou trois tentatives, une fois auprès d’une lady dont le titre flattait son orgueil, une autre auprès d’une jeune héritière, et enfin une dernière auprès d’une beauté à la mode ; mais ayant échoué, sa vanité blessée lui suggéra d’annoncer hautement qu’il aimait trop sa chère Elisabeth pour lui donner une belle-mère, et qu’elle suffisait à son bonheur. Elle