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de terminer leur promenade du côté de la route de la grande maison, et d’y envoyer leur voiture, afin d’être ensemble jusqu’au dernier moment.

Le capitaine Bentick offrit son bras à miss Elliot. Leur conversation de la soirée précédente se renouvela ; ils parlèrent encore de sir Walter Scott, de lord Byron ; et comme il ne se trouve presque jamais que deux lecteurs pensent de même, la discussion s’anima, et un moment après, ayant quitté par quelque incident le bras de M. Bentick, ce fut le capitaine Harville qui vint auprès d’elle. « Miss Elliot, lui dit-il en parlant bas, vous avez fait une bonne œuvre en forçant ce pauvre jeune homme à parler : je voudrais qu’il eût plus souvent une société comme la vôtre. La solitude nourrit sa mélancolie ; il lui faudrait des distractions ; mais qu’y faire ? nous ne pouvons nous séparer.

— Je le conçois, répondit Alice ; mais vous savez que le temps est un grand maître pour adoucir nos chagrins ; votre ami ne peut en juger encore ; la perte qu’il a faite est trop récente.

« — Hélas ! oui, dit Harville avec un profond soupir ; elle date du mois de juin dernier.