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vre Alice eut bien de la peine à cacher l’émotion de son cœur, et à retenir les larmes qui bordaient ses paupières.

Il fallut au moins aller passer quelques instans dans la demeure de leurs nouveaux amis : les chambres étaient si petites, qu’il ne fallait pas moins que le désir de les recevoir pour en avoir eu la pensée. Alice même en fut d’abord étonnée ; mais ce sentiment fit bientôt place à l’admiration des moyens ingénieux que le capitaine Harville avait employés pour tirer le plus de parti possible d’un logement aussi resserré, et le rendre entièrement commode et comfortable, en ayant garanti les portes et les fenêtres contre le froid et les orages. Curieux d’histoire naturelle, il avait amassé pendant ses voyages plusieurs espèces de bois très-rares extrêmement bien travaillés, formant des meubles très-élégans. Il avait de plus de belles collections de coquillages arrangés avec un goût infini, qui amusèrent beaucoup Alice ; c’était le fruit de ses voyages, les produits de ses soins, de ses travaux. Tout ce qu’Alice voyait, le tableau de bonheur et de repos domestique qu’offrait cette maison, produisit sur elle une impression à-la-fois douce et pénible.

Le capitaine Harville, sans être ignorant,