Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le capitaine Harville, quoique inférieur à Wentworth pour l’élégance, et l’esprit, avait le ton et les manières d’un gentilhomme, une noble simplicité mêlée de chaleur et d’obligeance. M. Harville, avec un peu moins d’usage du monde, avait la même vivacité d’empressement et de bienveillance. Tous les amis de leur cher Wentworth devinrent les leurs à l’instant même ; ils les pressèrent avec effusion de cœur de dîner chez eux. Le repas commandé à l’auberge servit d’excuse pour ne pas leur donner cet embarras : ils cédèrent, mais reprochèrent vivement à Wentworth d’avoir amené sa société à Lyme autre part que chez son ami Harville. Il y avait dans leur manière tant de franchise et de cordialité, un attachement si sincère et si vif pour Wentworth, un degré d’hospitalité si rare dans ces temps modernes, et qui rappelait si bien celle des bons patriarches, qu’Alice en était enchantée. Ses esprits se ranimèrent ; il lui semblait qu’elle était avec d’anciennes connaissances qu’elle avait aimées toute sa vie. Combien ils auraient aimé aussi la compagne chérie de leur Wentworth, pensait-elle encore, et combien ils l’aimeront ! ajoutait-elle en jetant un regard sur Louisa, à qui Frederich parlait bas. La pau-