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avait nul air de triomphe dans ses manières : son unique tort était d’accepter (c’était le mot) les prévenances de deux jeunes personnes : « Que ne suis-je au moins son amie ! pensait Alice, je l’instruirais des maux qu’il peut causer sans le vouloir ; je dirigerais son choix, encore incertain, sur celle qui peut lui donner son cœur sans navrer de tristesse celui du pauvre George. » Hélas ! le cœur d’Alice souffrait aussi, et peut-être n’aurait-elle pas eu la force d’exécuter ce dessein, qui devait lui ôter toute espérance de bonheur.

Après quelques efforts, George Hayter parut laisser le champ libre à son rival ; il fut trois jours sans paraître à Uppercross ; il eut même la force de refuser à son oncle une invitation positive pour y dîner ; il prétexta des affaires. M. Musgrove et sa femme le crurent, et dirent qu’il se tuerait à force d’étudier ; Maria espérait qu’Henriette l’avait positivement refusé ; Charles disait en riant : Querelles d’amants ! il en reviendra. Alice admirait son courage ; elle aurait voulu l’imiter.