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vous vous donc, Alice, lui dit-elle, vous n’êtes pas comme j’ai l’habitude de vous voir ? Ai-je l’air d’être indisposée ? mon fils serait-il plus mal que ce matin ? — Non, ma sœur, répondit Alice, mais j’ai un violent mal de tête.

— Vous avez été trop tourmentée depuis l’accident de Charles ; cela se passera. Pour moi, j’aurais grand besoin de faire une longue promenade : je regrette de n’être pas allée avec Henriette et Louisa, qui font un tour dans le bois pour voir la chasse ; cela m’aurait fait du bien, j’en suis sûre ; vous, ma bonne sœur, vous seriez restée dans la chambre de Charles : il aime tant vous voir près de lui ! — Vous pouvez aller les rejoindre, dit Alice » : Maria sortit aussitôt. Alice, restée seule près du lit du petit Charles, qui dormait, put réfléchir à sa situation, et chercher à calmer, s’il était possible, une sensibilité déplacée. Plus de huit années s’étaient écoulées depuis une rupture qu’elle avait provoquée dans l’intérêt même de Frederich. N’était-il pas absurde de ressentir sans la combattre une agitation qui n’est permise qu’à l’amour, et chez les femmes qu’à un amour partagé ? Est-ce qu’un si long intervalle ne doit pas avoir banni Wentworth de son cœur, comme il a banni Alice du