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savait comment elle pourrait supporter sa présence.

Alice eût desiré cependant que ce premier moment fût passé. Que dira-t-il ? comment sera-t-il ? complètement indifférent peut-être, si l’indifférence peut exister en pareil cas ; peut-être encore fâché des refus qu’il a essuyés ? Mais ne doit-il pas savoir qu’ils étaient involontaires ?

Depuis que les obstacles qui les ont séparés avaient cessé, puisque Wentworth avait acquis cette fortune et cette indépendance qu’il ne desirait que pour elle seule, Alice sentait qu’à sa place elle aurait fait depuis long-temps ce qu’il avait négligé de faire, elle serait revenue offrir ses biens à celui qu’elle n’avait cessé d’aimer. Elle eut assez à réfléchir pour ne pas s’ennuyer d’être seule lorsque Charles s’endormit, et n’eut plus besoin d’elle ; car jusqu’alors elle ne s’était occupée que de son neveu.

Sa sœur et son beau-frère revinrent enchantés de leur nouvelle connaissance et de leur soirée ; ils avaient dansé, chanté, causé, ri, comme cela se pratiquait ordinairement à Uppercross ; le capitaine Wentworth avait surpassé leur attente par son amabilité ; il