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dans toute l’étendue du terme, dont on n’avait jamais pu rien faire, et qu’on avait envoyé sur mer ; il était dissipateur, stupide, indocile, et l’on regarda sa mort comme un bonheur. Quand la nouvelle en arriva à Uppercross, on appréhendait chaque jour d’apprendre quelque chose de plus fâcheux : on ne s’occupait point de lui avant son décès, on ne s’en occupa pas davantage après, et c’était en vérité plus qu’il ne méritait que de se le rappeler en cette circonstance : une mère a toujours en réserve des regrets et des larmes pour ses enfans, qu’ils le méritent ou non ; le fond de sa tendresse est inépuisable ; mais on peut pardonner à des sœurs qui ne connaissaient ce frère que par sa mauvaise conduite, de penser que leur harpe pourrait distraire leur mère d’un chagrin qu’elles devaient croire passager.

Dick Musgrove, c’est ainsi qu’on le nommait dans son enfance, avait été plusieurs années sur mer, passant d’un vaisseau à l’autre, tant on était pressé de se débarrasser de lui ; il s’était trouvé pendant six mois sous les ordres du capitaine Wentworth, sur la frégate la Laconia ; c’est la seule circonstance où ses parens eurent directement de ses nouvelles,