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vraiment une aimable femme, et son mari en était pénétré ; sa Sophie était son oracle. Le bon amiral était un joyeux-marin, toujours prêt à rire, content de tout, traitant en amis tous ceux qu’il rencontrait. Ce couple gagna à l’instant le cœur d’Alice. Ils vantaient beaucoup Kellinch-Hall, où ils se trouvaient à merveille. Alice eut la satisfaction de voir, dès le premier instant, que ni l’amiral ni son épouse n’avaient la moindre connaissance des liaisons qu’ils avaient été si près d’avoir avec elle, ce qui la mit tout-à-fait à son aise ; elle éprouva cependant une vive émotion quand mistriss Croft lui dit tout-à-coup :

« C’était vous, miss Alice, à ce que je suppose, que mon frère eut le plaisir de voir souvent quand il habitait ce comté ? M.e votre sœur ne se le rappelle pas ? » Alice croyait avoir passé l’âge de rougir ; elle sentit cependant que le sang lui montait au visage, et que sa voix tremblait en répondant :

« Maria était trop jeune, elle était alors en pension. » Elle ne dit rien d’elle-même ni de son souvenir.

« Il nous a souvent parlé de vous, reprit encore M.e Croft ; peut-être ne savez-vous pas qu’il est marié ? »