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le désir d’avoir plus d’argent et d’obtenir quelque beau présent du papa Musgrove ; mais là-dessus Charles était aussi plus raisonnable que Maria, qui se plaignait amèrement quand ce présent n’arrivait pas, pendant que Charles, qui y avait plus de droit qu’elle, trouvait très-naturel que son père fît à cet égard ce qui lui convenait, et ne se gênât pas pour eux.

Quant à l’éducation de leurs enfans, sa théorie était aussi bien meilleure que celle de sa femme, et sa pratique moins mauvaise : Je les gouvernerais très-bien si Maria me laissait faire, était ce qu’Alice entendait dire tous les jours, et elle en était convaincue ; mais quand Maria lui disait à son tour : Charles gâte les enfans au point que je ne puis plus en être maîtresse, elle n’était point de son avis, mais se taisait prudemment pour ne pas augmenter le mal : la moindre contradiction mettait Maria hors d’elle-même, et lui donnait à l’instant une attaque de nerfs.

Une des circonstances les moins agréables de son séjour à Uppercross, était d’être traitée avec trop de confiance par tous les partis, et d’être trop initiée dans le secret de leurs plaintes mutuelles ; sachant qu’elle avait quelque influence sur sa sœur, elle était continuellement sollicitée d’en faire usage au-delà de son pouvoir.