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à leur manière, et de n’être pas un membre indigne de la société dans laquelle elle se trouvait placée ; elle chercha donc à calmer son imagination, à éloigner ses souvenirs, et à renfermer, autant que possible, ses idées dans le cercle où elle vivait. Elle ne redoutait pas même l’ennui pendant ces deux mois : il était dans son caractère d’être heureuse du bonheur de ceux qui l’entouraient, et les bons Musgrove avaient toujours l’air d’être au comble de la joie, les jeunes filles riaient sans cesse et s’amusaient de tout, leurs parens les admiraient et partageaient leur franche gaîté. Malgré l’égoïsme et les plaintes continuelles de Maria, il s’en fallait bien qu’elle fût aussi froide et dédaigneuse avec Alice que la fière Elisabeth ; elle l’aimait autant qu’elle pouvait aimer, la consultait, et se laissait même quelquefois influencer par elle ; Alice était toujours avec son beau-frère sur un ton très-amical, et les enfans, qui chérissaient leur bonne tante au moins autant que leur mère, étaient pour elle un objet d’intérêt, d’amusement et d’occupation.

Charles Musgrove était un jeune homme poli, agréable, et très-supérieur à sa femme pour l’intelligence et le caractère : mais il était