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Aussitôt après le déjeûner, Catherine se disposa à exécuter la promesse qu’elle avait faite à Éléonore de lui écrire. Elle éprouvait déjà l’effet du tems et de l’éloignement sur la véritable amitié. Elle se reprochait d’avoir quitté froidement son amie, de n’avoir jamais bien apprécié son mérite et son attachement. Ses sentimens ne lui rendirent pas néanmoins plus facile la composition de sa lettre. Elle voulait exprimer l’étendue de son amitié, parler de sa reconnaissance sans laisser voir trop de regrets, de sa déférence sans froideur du passé et sans ressentiment. Elle voulait faire une lettre dans laquelle Éléonore ne trouvât rien qui put la peiner et dont elle-même n’eût pas à rougir. La pensée que peut-être Henri verrait cet écrit,