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de discours ; mais elle eut assez de force de caractère pour s’abstenir de faire une réponse quelconque. Avant tout elle craignait d’amener une discussion ; elle le laissa parler, tout en arrangeant ses couvertures, sans ouvrir la bouche.

Ils arrivèrent au presbytère : la voiture s’arrêta, le marchepied fut descendu et M. Elton, l’air élégant et la mine souriante, fut assis à leur côté instantanément. Emma vit arriver sans déplaisir un changement de conversation : M. Elton manifesta sa reconnaissance de la façon la plus gracieuse ; il apportait tant d’animation dans l’expression de ses remerciements qu’Emma s’imagina qu’il devait avoir reçu des nouvelles plus rassurantes.

— Mon bulletin de chez Mme Goddard, dit-elle au bout de quelques instants, n’a pas été aussi satisfaisant que je l’espérais.

La figure de M. Elton prit aussitôt une expression différente, et ce fut d’une voix émue qu’il répondit :

— J’étais sur le point de vous dire que j’avais été chez Mme Goddard au moment de rentrer pour m’habiller : j’ai appris à la porte que Mlle Smith n’allait pas mieux ; j’en suis tout à fait affecté. J’aurais cru que son état se ressentirait du cordial que vous lui aviez versé pendant la journée.

Emma répondit en souriant :

— J’espère que ma visite a été salutaire au point de vue moral ; mais je n’ai pas le pouvoir de guérir miraculeusement le mal de gorge ! M. Perry a été la voir, comme vous le savez probablement.

— Oui… du moins je le pensais… mais je ne le savais pas.

— Il connaît bien le tempérament de Mlle Smith et j’espère que demain matin nous aurons tous deux la satisfaction de recevoir de