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quartier avec le reste de Londres ; le voisinage de Brunswick Square fait toute la différence ! M. Wingfield est tout à fait d’avis qu’on ne pourrait trouver un quartier plus aéré.

— Ah ! ma chère, ce n’est pas Hartfield ! Vous avez beau dire, après une semaine passée ici, vous êtes transformée ; vous n’avez plus la même mine. Je dois avouer que je ne trouve aucun de vous en bien bon état.

— Je suis fâchée de vous entendre parler ainsi ; mais je puis vous assurer qu’en dehors de mes palpitations et de mes maux de tête nerveux, auxquels je suis toujours sujette, je me sens parfaitement bien ; et si les enfants étaient un peu pâles avant de se coucher, c’est simplement parce qu’ils étaient fatigués du voyage. Je suis persuadée que vous aurez meilleure opinion de leur mine demain ; M. Wingfield m’a dit qu’il ne se souvenait nous avoir vus nous mettre en route en meilleure santé. Il ne vous semble pas au moins, ajouta-t-elle en se tournant avec une affectueuse sollicitude vers son mari, que M. Jean Knightley ait l’air malade ?

— Je ne puis vous faire mon compliment ma chère, je trouve que M. Jean Knightley est loin d’avoir bonne mine.

— Qu’y a-t-il, Monsieur, est-ce que vous me parlez ? dit M. Jean Knightley en entendant prononcer son nom.

— Je regrette bien, mon chéri, d’apprendre que mon père ne vous trouve pas bonne mine, mais j’espère que ce n’est qu’un peu de fatigue. Néanmoins, vous le savez, j’aurais désiré que vous vissiez M. Wingfield avant de partir.

— Ma chère Isabelle, reprit vivement M. Jean Knightley, je vous prie de ne pas vous occuper de ma mine. Contentez-vous de vous soigner, vous et vos enfants.

— Je n’ai pas bien compris ce que vous disiez à votre frère, interrompit Emma, au sujet de votre ami M. Graham : a-t-il l’intention de faire venir un régisseur d’Écosse pour son nouveau domaine ? Est-ce que le vieux préjugé ne sera pas trop fort ?

(À suivre.)