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frances

ne paraissent pas l’avoir beaucoup affecté. Eh bien ! Comment M. Churchill a-t-il pris la confidence ?

— Aussi bien que possible ; il a donné son consentement sans difficulté. Quel incroyable changement ces derniers événements ont amené dans cette famille ! Pendant la vie de la pauvre Mme Churchill, personne n’aurait même songé à une pareille éventualité ; son influence ne lui aura pas survécu longtemps ! La conversation décisive a eu lieu hier, et Frank s’est mis en route ce matin à l’aube. Il s’est arrêté, je pense, à Highbury, chez les Bates, et ensuite il est venu ici ; mais il avait hâte de retourner auprès de son oncle et, comme je vous l’ai dit, il n’a pu nous consacrer qu’un quart d’heure. Il était très agité, tout à fait différent de lui-même. En outre des raisons antérieures, il avait eu l’émotion de trouver Mlle Fairfax sérieusement malade ; il avait été d’autant plus affecté qu’il n’avait aucun soupçon de l’état de santé précaire de la jeune fille. Il paraissait véritablement avoir beaucoup souffert.

— Et croyez-vous vraiment que toute cette affaire ait été cachée à tous ? Les Campbell, les Dixon n’étaient-ils pas au courant ?

Emma ne put pas prononcer, sans rougir, le nom de Dixon.

— En aucune façon, répondit Mme Weston, il m’a affirmé que personne au monde ne savait rien.

— Eh bien, dit Emma, je m’accoutumerai peu à peu, je suppose, à cette idée et je leur souhaite d’être heureux. Je continue cependant à trouver que sa manière d’agir a été abominable. Il avait organisé un véritable guet-apens : arriver ici avec des professions de foi les plus franches et en réalité se liguer pour nous espionner tous. Nous pensions vivre sur un pied de vérité et d’honneur avec deux personnes qui, à notre insu, échangeaient leurs impressions. Cette duplicité leur aura valu, sans doute, d’entendre parler l’un de l’autre sans ménagement.

— Je suis bien tranquille de ce côté, reprit Mme Weston ; je suis sûre de n’avoir rien dit que tous deux ne pussent entendre.

— Vous avez de la chance. Votre unique erreur n’a eu que moi pour confidente : vous vous imaginiez qu’un de nos amis était amoureux de la jeune personne.

— C’est vrai ; mais je n’avais, à ce propos,