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quer,

mais je n’aurais pas voulu l’offenser. J’ai profité de l’occasion…

Il hésita, se leva et alla à la fenêtre.

— En un mot, dit-il, mademoiselle Woodhouse, il n’est pas possible que vous n’ayez pas quelques soupçons…

Il la regarda comme pour lire dans la pensée de la jeune fille. Emma se sentait mal à l’aise ; ces paroles semblaient le prélude d’une déclaration et elle ne désirait pas l’écouter. Se forçant à parler dans l’espoir d’amener une diversion elle reprit :

— Vous avez eu bien raison ; il était tout naturel de profiter de votre passage à travers Highbury pour faire cette visite.

Il se tut, semblant chercher à deviner le sens de cette réponse. Puis elle l’entendit soupirer : évidemment il se rendait compte qu’elle ne voulait pas l’encourager. La gêne du jeune homme persista quelques moments encore, puis il dit d’un ton plus décidé :

— De cette façon, j’ai pu consacrer le reste de mon temps à Hartfield.

Il s’arrêta de nouveau, l’air embarrassé.

Emma se demandait comment cette scène se terminerait lorsque M. Weston apparut suivi de M. Woodhouse.

Après quelques minutes de conversation, M. Weston se leva et annonça qu’il était temps de partir.

— J’aurai de vos nouvelles à tous, dit Frank Churchill. Je saurai tout ce qui se passe ici ; j’ai demandé à Mme Weston de m’écrire et elle a bien voulu me le promettre ; en lisant ses lettres, je me croirai encore à Highbury !

Une très cordiale poignée de main accompagnée de souhaits réciproques mit fin à l’entretien, et la porte se referma sur les deux hommes.

(À suivre.)