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bell

ait chargé un ami peu soigneux de la commande et que l’instrument soit médiocre. Je me trouverais dans une situation difficile. Je ne serais d’aucun secours à Mme Weston ; elle s’en tirera très bien toute seule. Une vérité désagréable deviendrait acceptable dans sa bouche ; pour moi, je me sens incapable d’un mensonge poli.

— Je n’en crois rien, dit Emma, vous savez dissimuler aussi bien que votre voisin, le cas échéant. Du reste il n’y a aucune raison de prévoir cette éventualité : le piano doit être excellent d’après ce que m’a dit Mlle Fairfax hier soir.

— Venez donc avec moi, Frank, dit Mme Weston, nous n’avons pas besoin de rester longtemps ; nous irons à Hartfield ensuite. Je désire réellement que vous fassiez cette visite ; les Bates y seront extrêmement sensibles.

Frank Churchill n’avait plus rien à répondre ; ils se dirigèrent de nouveau vers la porte de Mme Bates. Emma les regarda entrer et rejoignit ensuite Henriette qui se penchait perplexe sur le comptoir de M. Ford ; elle essaya de persuader à son amie qu’ayant besoin de mousseline unie, il était parfaitement inutile d’examiner de la mousseline brodée et qu’un ruban bleu, malgré sa beauté, ne pourrait jamais s’appareiller à un échantillon jaune. Cette intervention eut pour résultat de mettre un terme aux pourparlers.

— Devrai-je envoyer le paquet chez Mme Goddard ? demanda Mme Ford.

— Oui… non… chez Mme Goddard… ; seulement ma jupe modèle est à Hartfield, envoyez-le à Hartfield, s’il vous plaît. Mme Goddard, il est vrai, voudra le voir. Pourtant j’aurais besoin du ruban immédiatement. Ne pourriez-vous pas faire deux paquets, Mme Ford ?

(À suivre.)