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jusqu’à la route d’Highbury et il avait pu constater que la neige n’était nulle part bien épaisse et qu’en certains endroits elle ne tenait pas du tout ; pour le moment, quelques flocons à peine tombaient, les nuages se dissipaient et selon toute probabilité la tourmente avait pris fin ; il s’était entretenu avec les cochers qui se faisaient forts d’arriver sans encombre à Hartfield. » Ces nouvelles causèrent à Isabelle un véritable soulagement et elles ne furent pas moins agréables à Emma qui s’empressa de rassurer son père dans la mesure du possible ; mais les alarmes de M. Woodhouse ne purent pas être apaisées au point de lui permettre de retrouver sa sérénité habituelle ; il voulait bien admettre que tout danger actuel avait disparu, mais non point qu’il fût prudent de demeurer plus longtemps ; M. Knightley se tourna vers Emma et dit :

— Votre père ne sera pas en paix, si nous restons ici ; pourquoi ne partez-vous pas ?

— Je suis prête si les autres le sont.

— Voulez-vous que je sonne ?

— Je vous en prie.

Les voitures furent demandées et cinq minutes après, M. Woodhouse, entouré de prévenances jusqu’au dernier moment, fut confortablement installé dans la sienne par M. Knightley et M. Weston ; malgré leurs assurances, il ne put s’empêcher d’être alarmé à la vue de la neige et de l’obscurité. « Il avait bien peur que le trajet ne fût pénible ; il craignait que la pauvre Isabelle ne se tourmentât ; il y avait aussi la pauvre Emma dans l’autre voiture ; il fallait que les voitures ne s’éloignassent pas l’une de l’autre. » Il fit ses recommandations à James et lui ordonna d’aller au pas et d’attendre constamment la voiture qui suivait.

Isabelle prit place aux côtés de son père ; John Knightley, oubliant qu’il n’était pas venu avec eux monta tout naturellement derrière sa femme ; de sorte qu’Emma, accompagnée par M. Elton jusqu’à la seconde voiture, vit la portière se refermer sur eux et s’aperçut qu’elle