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Celle-ci ne savait que répondre, n’ignorant pas qu’il n’y avait dans la maison que deux chambres de libres.

« Que faire, ma chère Emma, que faire ? » fut la première exclamation de M. Woodhouse. Il se tourna vers sa fille dans l’espoir d’être rassuré et ce ne fut pas en vain : elle lui représenta l’excellence de ses chevaux et l’habileté de James ; lui donna l’assurance qu’il n’y avait aucun danger et elle lui rendit courage.

L’inquiétude d’Isabelle était égale à celle de M. Woodhouse ; elle était terrifiée à l’idée d’être bloquée à Randalls, pendant que ses enfants étaient à Hartfield ; persuadée que le chemin était encore possible pour des gens aventureux, elle proposait l’arrangement suivant : son père et Emma resteraient à Randalls, mais elle et son mari se mettraient en route immédiatement.

— Je crois que vous feriez bien, mon chéri, de commander la voiture, dit-elle. En mettant les choses au pire nous pourrons toujours marcher jusqu’à Hartfield ; je suis toute prête à faire à pied la moitié du chemin ; je changerai mes chaussures en arrivant et, de cette façon, je ne prendrai pas froid.

— Vraiment, reprit M. Jean Knightley, voilà qui est bien extraordinaire, ma chère Isabelle, car en général vous prenez froid à propos de tout et de rien. Vous êtes du reste parfaitement équipée pour rentrer à pied ! Les chevaux eux-mêmes auront assez de mal à arriver.

Isabelle se tourna vers Mme Weston pour chercher l’approbation de son plan : celle-ci en admit les avantages. Isabelle prit alors l’avis de sa sœur, mais Emma ne se sentait pas le moins du monde disposée à abandonner l’espoir de s’en aller. On était en train de discuter quand M. Knightley, qui avait quitté la chambre aussitôt après la première communication de son frère, fit son entrée et assura qu’il ne pouvait y avoir la moindre difficulté à faire le chemin maintenant ou dans une heure : « Il avait marché