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LE NOUVEL ART D’AIMER

En effet les doux corps eux s’entendraient toujours, mais souvent les esprits sont inconciliables.

Marions les esprits.


Tu crois tenir ton homme,
attention, Yvonne, ton mari est cultivé et tes yeux manquent de mystère. Et quand il t’aura lue, que voudrais-tu qu’il fît ? Sa femme c’est son livre et s’il l’a lu du premier coup, il y pensera moins. Augmente-toi, lis les penseurs, les saints, les grands poètes, et leurs poèmes mineurs qui te nuanceront. Ainsi ton regard, mon enfant, sera moins court. Lis les portraits de natures insignes, de figures uniques. Il est grand celui qui ne ressemble qu’à lui. Qui a su différer en beau te fortifie.

La monotonie est contraire à l’amour. Prends garde.


Tu sais tout,
naturellement, jeune mariée, puisque tu n’as que vingt-six ans ! Plus tard, Yvonne, trop tard, tu entreverras tout ce qui put te manquer aujourd’hui pour garder ton mari en plein élan. Supprime ce délai. Je veux tout mettre en tes mains dès ce soir. Étant aimée, ce qui te rend à tort sûre de toi, pleine de toi, tu réponds sur toutes choses à ton mari du tac au tac. Un peu plus de méditation à deux dans un demi-silence où tu t’informerais de son « soi » plus profond comme du tien, lui donnerait de toi une impression plus forte. Étudiez-vous ; il n’est pas de plus belle étude. Garde une magie, un secret, jeune femme, quelque repli dans le mystère. Ne vis pas toute en premier plan.

Ne t’apporte pas toute d’un seul coup sur un plat.