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ÉPOUX
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Pour empêcher le mariage de grincer, de craquer, je viens retoucher le système. Je suis l’ajusteur d’amour.


Jacques et Simone.

— Simone t’a dit des paroles sèches, claquantes ?

Jacques : « Oui, c’est intolérable. »

Moi : « Oh non, timidité cabrée peut-être, ou fierté mal placée, ou cette ironie qui est une fausse pudeur. Je te l’ai dit : par servilisme d’éternelle vaincue arrivé à l’outrance, au nom d’une mode sauvage, elles n’osent plus t’être douces et cela par erreur. Approche-toi. Apprends la patience d’aimer.

L’amour ne naît chez elles, il n’éclôt que sous le souffle chaud de la douceur de l’homme. Les choses douces attirent les choses douces.

Jacques piqué : « Ne prenez pas la peine de dire l’évidence. »

Moi : « Si, puisqu’on n’oublie qu’elle… Ne brusquez rien. Attendez-vous l’un et l’autre, mais aux bras l’un de l’autre. Si là vous vous cherchez encore et vous interrogez suaves et détendus, le Saint-Esprit de l’amour vous viendra. Il assouplira ta belle pouliche. »

Toi, Simone, vierge sévère, épouse aujourd’hui raide et déplorable, mets du liant, t’aurait dit Rodin et je dis : « mets de l’huile dans tes gonds. Laisse-toi fondre. La souplesse est la vie et surtout c’est la femme ».

Je vous dessine la politesse de joie, celle qui ne met pas le charme en fuite, Simone, et celle qui, Jacques, à force d’égards intimes, épanouit l’amoureuse.