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LE NOUVEL ART D’AIMER

Voici un cas de l’égoïsme à deux doublement vil : Mme D… vers la quarantaine se desséchait de n’avoir pas d’enfants. Le mari n’a pas voulu lui en donner, jaloux de l’attention des instants de sa femme.

Elle devient la dame au petit chien, ce personnage ridicule. Quand le mari mourra, elle sera la misérable sans un cœur et sans un appui.

Vieillir sans trois enfants au moins, c’est l’infortune, l’abandon, c’est la damnation même.

Ah que je la méprise ! Alors en vingt ans de vie commune, elle n’a pu, étant aimée jusqu’à l’abus, entamer son mari dans ses restrictions laides ? Quelle bassesse de ne pas user de son empire pour arracher l’homme à son égoïsme au nom d’un égoïsme supérieur, celui de voir vivre la chair de leur amour en un enfant, émanation de leur tendresse ? La femme, dans un tel cas, doit aller jusqu’à lui dire : « Si tu me refuses l’enfant je m’en irai. » S’il résiste elle doit simuler un départ, réduire l’entêté ou le mettre aux abois par la privation.

Que j’ai honte de l’amoureuse aimée qui ne fait pas sortir au bon moment, l’homme de ses restrictions d’avare !

Si j’étais le dieu des caresses, je mettrais au ban de toute volupté celle qui le laisse cousu de ses résolutions.

Et réponds-lui donc à temps, mon amie, quand il refuse à toi et à la race la durée par l’enfant :

« Tu te crois aimé ? Tu te trompes, tu ne m’as jamais eue. » Une virginité subsiste en la femme qui n’a pas eu d’enfant. L’homme n’aura pas eu la femme qui ne s’est pas tendue vers lui jusqu’à en exiger l’enfant.