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LE NOUVEL ART D’AIMER

La peur du mot.
Ce qui perd les unions, c’est la timidité, la peur du mot. On accomplit des meurtres faute d’avoir parlé à son amour.

Aberration. Pis que cela : Ruine du cœur qui ne vit, ne prospère que de se confier. Ayons le courage du mot pour sauver l’essentiel et garder en mains notre meilleur destin.

Elles s’en vont, les sottes, sans rien dire. Et eux aussi quand tout était sauvable et chacun est volé. Mais rattrapez-vous : les recommencements sont plus chauds que les prémices.

Puis l’appel au secours bien net ainsi jeté porte en soi la plus belle des vertus conjugales et je voudrais dire conjuguantes : « Arrête-toi, écoute-moi, c’est grave. »

Il faut un peu terrifier l’amour pour qu’il arrête d’un seul coup la mécanique du jour vécu.

Et répéter jusqu’à effet : « Arrête-toi, cher être et sauve-moi. »

Et puis parler. Débrider et vider l’abcès jusqu’au squelette : se remettre aux mains de l’ami le touchera droit aux entrailles. L’homme aime tant notre faiblesse ! Et ce qu’on ne sait pas assez, par ce cri de sa naufragée qui s’accroche à lui, l’homme, le protecteur aimera cent fois plus sa grande devenue pour un jour de transes sa petite.

Cent fleurs du cœur naîtront de l’humble aveu. Et le bonheur s’en repaîtra.

Saveur des grâces
de l’aveu de faiblesse, on n’a pas assez dit aux amants votre parfum de plénitude, votre goût d’aube et de rosée.