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LE NOUVEL ART D’AIMER

l’épouse s’en émeuve comme lui, même si elles diffèrent sur les moyens, chacune hier ayant été chez soi le chef d’État. Qu’aujourd’hui les facultés, les succès de chacun s’éprouvent par les autres comme voluptés personnelles ou mieux, comme conquêtes pour le bien de la communauté.

Que les sœurs, les belles-sœurs s’entr’aident et la vie sera douce encore, sous la lampe, le soir.

Compatissons aussi aux bonheurs des aimés. Cela seul nous est difficile car hier nous étions jaloux des alliances. Il s’agit désormais de s’y allier moelleusement par la tendresse.

Il y a des sœurs abusives. On a ridiculement grossi Eugénie de Guérin, ayant grossi Maurice. La critique, pour ne pas lire ailleurs, pour ne pas travailler, ne révèle au public que les mêmes toujours, ce qui les enfle assez piteusement ! Cette critique oiseuse, au lieu de faire son devoir de révéler les méconnus « volait au secours de la victoire et des grands éditeurs » disait gaiement Alfred Mortier. Elle tenait ainsi la France des lettres sous le boisseau. Eugénie de Guérin folle de son frère était appelée « la gangrène » pour sa jalousie par la famille de la fiancée de Maurice. C’était si vrai que plus tard Eugénie empêcha sa belle-sœur, la femme légitime, d’approcher du lit de Maurice pendant son agonie. Que ces horreurs libidineuses ne se revoient jamais. Qu’autour du feu unique, on ne voie que des gens décidés à savoir qu’on n’en peut faire un paradis, comme de la tablée nombreuse, qu’en respectant les droits du cœur de chacun, même sa sauvagerie particulière, sa passion, ses reliques, son secret — et que sur le reste on discute hardiment.