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LE NOUVEL ART D’AIMER

il n’y eut qu’appétit de scandale et qu’ignorance de la réalité. Si j’avais un reproche à faire à la mère actuelle, ce serait de trop se dévouer au corps de l’enfant plus qu’à son éducation. C’est pourquoi j’y obvie.

Ceux qui parlent mal de nos femmes n’ont donc pas à la maison de jeune sœur douce et sévère qui fait penser son père, son frère à ce qu’ils doivent faire dans la journée ? Sur son petit front grave et bourré de soucis, je vois cette sagesse de l’amour qui fait la part de chacun et porte le destin de tous. Sa mère meurt et la fillette sauve tout. Ses épaules menues ne plient pas sous la charge écrasante et tous, son père en tête qu’elle soigne, sont devenus ses enfants.

Elle est plus femme qu’une mère, mais avec plus d’anxiété que n’en avait sa mère, puisque enfant elle ne sait rien que d’amour en devinant le besoin de chacun, en lui faisant sa part de pain et de chaleur.

Fillettes méconnues, anges gracieux de la bonne intention, qui pâlissez de peine et de fatigue à rendre sages les frères, bons butors explosifs, à consoler le père, qui dira le bienfait que vous êtes chez vous ?

Épouse celle-là ; sois à toi seul sa mère, son père, son grand-père (celui qui a des faiblesses pour elle) et son petit garçon pour qui elle peut avoir autant de faiblesses qu’elle voudra, sans que ce gamin-là, comme ses frères, en profite pour lui grimper sur la tête. Car elle a soif d’être pour toi, sacrée comme ta mère, folle comme ta petite fille de joie. Jette-toi vite à celle-là. Elle te sauvera de tout.