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LE NOUVEL ART D’AIMER

Quand l’art nous fait sentir nos signes divins, ce n’est pas alors qu’il nous déshumanise — bien au contraire — car les dieux seuls sont assez hommes.

De nous, exigeons Dieu qui toujours, dans l’homme, attend son heure. Et que l’artiste nous y aide.


Surtout ne craignons pas le grand.

Lui seul est simple, aisé. C’est le petit qui nous complique et nous embrouille.

Et cherchons le vertige. Ne craignons pas la grande aventure d’esprit que comporte l’amour.

L’amour n’est bénin que pour les cœurs sans force et sans munificence. Interrogeons nos grands artistes. Eugène Carrière, par des moyens providentiels exprime ce que j’appellerai le danger des amours totales, seul danger qui vaille de vivre et qui suffise à exprimer la vie, seul danger qui nous réveille d’entre les morts, seul danger celui-là qui ne nous perde pas sous les couches de matérialité, ces matrices de désespoir.


Sus au pessimisme fétide.

« Les Français sont mécontents de tout et toujours », disait Napoléon. Je dis : certes ils sont exigeants car ils ont un haut sens de la perfection.

Mais ces coquetteries siéent aux peuples heureux. Je dis donc : sus aux grognards perpétuels, car ils n’ont pas grogné quand il l’aurait fallu[1].

  1. Mais que les Français sont bons enfants, faciles par ailleurs et endurants ! Je les vis de 1914 à 18 non seulement s’accoutu-