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LE NOUVEL ART D’AIMER

de Judas de Louis Ernault, etc. Les scènes d’État nous le doivent. Elles manquent à leur mission en sautant la génération qui rénova la tragédie et rapporta le sens de l’éternel. C’est la beauté qu’on met sous le boisseau. Elle se venge. Refaisons-lui sa place, celle d’éducatrice de la foule.


Parents, exigeons des éditeurs
les écrivains qui nous bâtissent, nous cimentent, non ceux qui seulement nous émoustillent. Qu’attendons-nous, tandis qu’il faut vingt ans pour acquérir l’essentiel ? Et trouvons nos auteurs nous-mêmes ; la critique des journaux à gros tirage ne pouvant plus s’exprimer qu’au sujet des auteurs lancés par les gros éditeurs, quelle sécurité vous offre son conseil ? En voici un exemple :

Trois orateurs devaient au banquet du Faubourg s’exprimer sur mon œuvre vers 1925. Avant de parler, le plus sûr des critiques[1] me dit à l’oreille. Excusez-moi si je parle de vous plutôt que de vos livres. Ils sont précis, vous avez une conception de la vie, vous avez un système d’observation. Il faut vous étudier de près pour ne pas dire de bêtises. J’ai trop à faire. Je préfère, pour mes chroniques de livres, attraper un petit roman qui se lit en deux heures.

Autant dire que la critique débordée ne vous parle plus, cher lecteur, que de ceux qui ne disent rien.

Interrogez les maîtres, ceux qui lisent encore ; trouvez, connaissez vos auteurs. Et dirigez la critique par votre choix.

  1. Ernest Charles.