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PARENTS
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Et lisons surtout
nos grands poètes contemporains. Ils ne sont pas le luxe. Ils sont le pain de l’enthousiasme c’est-à-dire de notre élan vital. Pour avoir un peuple fort et mû par la force d’en haut, il faudrait lire des poèmes toniques et choisis sur les places protégées, esplanades et dans les squares.

Voici le dernier mot au sujet du rôle du poète :

« Le poète est exactement le devin, le prophète de la vie ; c’est celui qui voit, qui sent ce qui échappe aux autres. Il possède le don magnifique et mystérieux d’éterniser l’instant, d’écarter les apparences, de sonder les assises de la vérité. Il ne se soucie ni du temps ni des lieux ni des modes, mais de l’homme. Lui seul a le sens des ensembles, car il regarde d’un sommet. Et lui seul a le sens de la justice car il a le sens de l’amour.

« …Le réalisme voit juste mais il a la vue courte.

« …Les vrais réalistes, ce sont, ce seront toujours les poètes…

« Par eux, instituons notre âme. »
Alfred Mortier[1].

Sachons frémir à ce mot d’Aristote : La poésie est plus sérieuse que l’histoire.

On ne fait pas un homme humain
sans poètes lyriques.
  1. La Dramaturgie de Paris, par Alfred Mortier (1917)