Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

96
LE NOUVEL ART D’AIMER

la sagesse à un seul sexe, la sagesse célibataire ne tient pas compte de la vie.

Et que la sagesse des nations demeure enfin celle du couple, non celle de l’individu.

Bref mariez-vous d’esprit comme de cœur.


Pour se marier de cœur,
il faut de l’invention dans l’entr’aide elle-même. Il faut la fécondité, la générosité dans cette imagination du secours que nous pouvons porter à l’autre. Cultivons l’esprit de finesse qui distingue cette race. Il faut le renouvellement constant du zèle adroit dans la bonté pour éviter le pavé de l’ours. Donc avivez vos facultés, époux. On n’est jamais assez artiste pour l’amour. Le cœur de l’homme et de la femme, ce cœur mêlé, c’est Dieu.
Mais il s’agit de le mêler
sans dol pour l’un des deux, c’est là qu’il faut tout l’art et tout l’esprit du monde puisque malgré le zèle on peut y échouer si l’on ne s’instruit pas.
Ne crains pas l’ouvrage, couple

heureux, car plus on s’en occupe et plus on s’aime ; c’est même le seul moyen d’arriver à être cette belle proie qu’est la passion totale dont le poète arabe a écrit :

« Dis à celui que l’amour a vaincu :
« Tu as accompli ton devoir. » Ebn El Farid[1].

Quand le feu a bien pris entre vous deux il ne s’éteindra plus. Votre vieillesse même transposera

  1. Moallakat. Traduction Pierre Louys.