de son silence, s’écrie : « Avec un morceau de pain, on peut lui ouvrir ou lui fermer la bouche. »
Ce n’est pas sans raison qu’Homère donne à Thersite les noms de parleur sans mesure, de discoureur impudent ; il compare aussi le bruit de ses discours diffus et ennuyeux aux cris des geais babillards ; car c’est là, je pense, ce que signifient les mots : ἀμετροεπὴς ἐκολῴα. Eupolis caractérise la même espèce d’hommes dans ce vers remarquable :
Très habile à parler, incapable de rien dire.
C’est ce qu’a voulu imiter notre Salluste, lorsqu’il dit : « Plus parleur qu’éloquent. » Hésiode, le plus sage des poètes, dit que, loin de prostituer la langue, il faut au contraire la cacher comme un trésor ; que toute sa grâce, quand on la laisse libre, lui vient de la modestie, de la retenue et de la modération :
Une langue capable de se contenir est un trésor parmi les hommes ; jamais elle ne plaît davantage que lorsqu’elle sait se modérer.