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AULU-GELLE


quelle le pour et le contre ont été soutenus par des hommes de mérite. Plusieurs, s’attachant à une règle absolue, soutiennent que lorsqu’un citoyen, revêtu de l’autorité nécessaire pour être obéi, s’est arrêté à un projet après une mûre délibération, dans une affaire personnelle, il n’est point permis d’agir autrement qu’il ne l’a prescrit, lors même qu’un événement imprévu donnerait l’espérance que les choses pourraient mieux réussir en modifiant l’exécution des ordres donnés, parce que, disent-ils, si notre espérance est déçue, nous encourons le blâme dû à notre désobéissance, et notre témérité sans excuse mérite un châtiment ; si nous réussissons, rendons-en grâce aux dieux : néanmoins nous avons donné un exemple dangereux qui peut priver de leur autorité les plans les plus sages et détruire le respect pour les ordres reçus. D’autres ont pensé qu’il fallait préalablement peser les inconvénients qui résulteraient d’une désobéissance aux ordres reçus, si l’on échouait, et les avantages que promet le succès : si les inconvénients sont de peu d’importance, si les avantages doivent être considérables, et si l’on peut raisonnablement espérer le succès, la désobéissance est permise ; il ne faut pas laisser échapper l’occasion favorable que nous envoie la Divinité. Ceux qui soutiennent cette thèse pensent qu’avec de tels motifs la désobéissance n’est point d’un mauvais exemple, mais ils ajoutent qu’il est bon de connaître l’esprit et le caractère