Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/427

Cette page n’a pas encore été corrigée

un grand nombre de sujets propres à charmer les hommes in- struits. Il cite plusieurs arguments employés, selon lui, avec autant d'esprit que de finesse, par les rhéteurs dans leurs décla- mations. Voici un de ces arguments et la controverse qui y donne lieu : (( La loi ordonne d'accorder à l'homme courageux la ré- compense qu'il désire : or, un citoyen s'étant distingué par son courage, demande à épouser la femme d'un autre; il l'obtient. Mais le premier mari se distingue aussi par son courage, il re- demande sa femme; une contestation s'engage. » Voici, dit Pline, un argument aussi ingénieux que pressant, employé en faveur de ce dernier : « Si vous approuvez la loi, rendez-moi ma femme; si vous la désapprouvez, rendez -moi ma femme.» Mais Pline ne remarque pas que cet argument, qu'il regarde comme très- ingénieux, rentre pourtant dans le genre de sophisme appelé en grec àvTtorrpccpov, réciproque. Ce vice est à la vérité caché avec artifice sous l'apparence d'un dilemme; car un raisonne- ment semblable pourra être retourné contre celui qui l'emploie, et l'autre époux peut lui répondre : « Si vous approuvez la loi, je ne vous rends pas votre femme; si vous la désapprouvez, je ne vous la rends pas. »